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Pandémie

Updated: 6 hours ago

Il aura fallut très longtemps pour éradiquer le parasite. D’abord en raison de sa complexité, ensuite parce qu’il n’a été reconnu que tardivement par la communauté internationale. Quand les traitements à l’échelle planétaire commencèrent, près de 98% des êtres humains étaient parasités ; il a fallut guérir le monde entier. Plusieurs siècles ont passé.


Les recherches historiques semblent démontrer que des souches étaient présentes depuis toujours sur toute la surface du globe ; des cas ont été recensés dès les premiers écrits de l’Histoire et des épidémies locales ont été enregistrées. Ces mêmes recherches établissent que le parasite avait déjà été identifié à ces lointaines époques, divers auteurs ayant œuvré à sa caractérisation ainsi qu’à des méthodes de traitement (celles-ci furent consignées dans des ouvrages que nous pouvons encore trouver de nos jours). Mais malheureusement, et à l’instar de tant d’autres choses au cours de l’histoire, la transmission se fit mal, les interprétations furent erronées, et le savoir se perdit. Et bien que nombre d’auteurs à travers les millénaires réétudièrent le parasite ainsi que les moyens de s’en prémunir et d’en guérir, celui-ci fut encore mal compris et il ne fut considéré comme une sérieuse menace qu’à une période récente.

Les historiens contemporains ayant étudié la dynamique de la pandémie tendent à en établir le foyer en Europe autour du siècle des Lumières. Le parasite se serait ensuite propagé dans les colonies, puis se serait lentement répandu en divers endroits du globe avant de connaître une rapide expansion mondiale à partir du milieu du XXème siècle. Précisons qu’à ces époques le parasite était très mal connu (malgré l’abondante littérature), et ses effets sur la population ont longtemps été mal interprétés. Pour cause, les symptômes apparaissent uniquement en cas de résistance à la contamination, et ils disparaissent une fois l’individu gagné par le parasite. De tout temps ceci jeta le trouble car il est ainsi fort mal aisé de distinguer un individu sain d’un individu contaminé ; seuls les individus en lutte contre le parasite sont reconnaissables de par l’apparition de symptômes. Pour ajouter à la confusion, il s’avère que certains individu ne présentent aucun symptôme lors de la contamination, ils sont asymptomatiques – ceci est dû au fait qu’ils ne luttent pas contre le parasite –, et que d’autres sont tout bonnement immunisés contre le parasite (nous en reparlerons plus loin). Notons aussi que des cas de régressions de la maladie ont été recensés : des individus gagnés par le parasite ont connu une recrudescence de symptômes, signe de recul de la maladie, signe de nouvelle lutte contre le parasite.


Au cours de l’expansion pandémique, de fortes variabilités furent enregistrées. Les villes furent plus impactées que les campagnes ; les pays industrialisés que les pays aux sociétés traditionnelles. Proportionnellement, les hommes furent plus touchés que les femmes, et on n’enregistra qu’un faible nombre d’enfants contaminés (les conséquences de l’exposition au parasite ne se révélant qu’autour de l’adolescence). On remarqua également des effets de saisonnalité : les vacances, et particulièrement les périodes de fêtes, présentèrent des accalmies : la maladie y fut moins virulente.

Quand les organisations sanitaires mondiales constatèrent une augmentation drastique des cas de stress, somatisations, insomnies, dépressions, pulsions destructrices et autres phénomènes alarmants, des mesures furent prises et l’industrie pharmaceutique développa le soma. Ce médicament fut produit en quantités faramineuses : au début du XXIème siècle, dans les pays d’Europe de l’ouest, près d’un tiers de la population prenait quotidiennement du soma.

Le soma répondit au problème sanitaire en faisant disparaître les symptômes, ce qui, pour la médecine de l’époque, signifiait une guérison (première erreur). Or – et ce ne fut reconnu que beaucoup plus tard –, plutôt qu’endiguer la pandémie, le soma la catalysa. En effet, il fut découvert à une époque récente que le soma inhibe les capacités naturelles de résistance au parasite – d’où la disparition de symptômes – mais qu’il ne s’attaque nullement à celui-ci. En prenant du soma, un individu sain est donc rendu inapte à lutter contre la contamination (deuxième erreur) et se retrouve inéluctablement parasité.


En définitive, toute la complexité de la pandémie tint en cette absence de symptômes chez les individus malades. En outre, parmi le grand nombre d’individus parasités figurèrent la quasi-totalité des médecins et responsables politiques de l’époque qui, ne présentant pas de symptômes, s’estimèrent être « sains » ; les « malades » étant celles et ceux qui présentaient des symptômes. Et puisqu’ils détenaient à la fois l’expertise et le pouvoir, rien ne se fit pour véritablement comprendre la nature de la maladie et endiguer la pandémie.


L’erreur fut donc de taille. D’une part parce que, ne manifestant aucun des symptômes mentionnés plus haut, les individus véritablement malades ne furent jamais inquiétés et continuèrent à propager la maladie. Et d’autre part parce que, en affaiblissant les défenses naturelles de la population saine, le soma contribua à sa prolifération. Par méconnaissance et erreur de diagnostic, nos prédécesseurs ont donc involontairement concouru à l’expansion de la pandémie.

Pourtant, la personne qui révéla au monde la véritable teneur de la maladie fut un docteur : le docteur Eckhart. Cet homme au courage extraordinaire et au dévouement indéfectible sauva le monde en consacrant sa vie à combattre la maladie, et non ses symptômes. Chose remarquable : sa notoriété alla grandissante, et bien qu’il eût été en contact quasi-quotidien avec le parasite, il demeura toute sa vie parfaitement sain.

Les résultats obtenus par le docteur Eckhart furent exceptionnels : proche de 99% de guérisons. Malheureusement, les individus parasités de longue date se révélèrent pour la plupart incurables.

Conscient de la nécessité d’un effort mondial pour éradiquer la maladie, le docteur Eckhart traita en priorité ses confrères et consœurs parasités. Ce ne fut pas chose facile car ces-derniers, se croyant sains, refusèrent d’être considérés malades. Mais le docteur Eckhart, esprit fin et subtil, parvint néanmoins à traiter un vaste nombre de médecins. Une fois guéris, ces-derniers reconnurent l’existence de la maladie, ils admirent avoir été malades, et ils apprirent du docteur Eckhart comment traiter les individus contaminés. C’est ainsi que la maladie commença à reculer (des études récentes ont révélé l’existence d’une immunité naturelle. Les sujets analysés ont tous présenté des systèmes comparables à celui préconisé par le docteur Eckhart).


Des siècles plus tard, lorsque la majorité des médecins et responsables politiques fut saine et informée, la maladie put enfin être officiellement reconnue, et la pandémie officiellement déclarée. L’éradication du parasite fut ensuite réalisée en à peine plus de trois générations, au cours du XXVIIème siècle de l’ère chrétienne.


Aujourd’hui, la population mondiale est saine. Cependant, la médecine actuelle reconnait que le parasite ne sera jamais totalement éradiqué de la planète, qu’il restera toujours des souches, ici ou là, susceptibles de se développer et de provoquer une nouvelle pandémie. C’est pourquoi il est de notre devoir à toutes et tous de rester vigilants et de veiller à maintenir une population saine. Il en va de l’avenir de l’humanité, de l’avenir du monde.

 
 
 

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