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Quelle idée ?!

Updated: 6 hours ago

Quand une idée nous vient, on ne cherche généralement pas à en retracer l’origine, on s’en contente, on s’en réjouit. Elle a déjà pris une certaine forme lorsqu’elle nous apparaît – on peut donc parler d’idée préconçue –, et on devine que son développement s’est réalisé en cachette à partir d’un embryon d’idée (que d’autres idées ont engendrée, évidemment) et qu’elle est restée en gestation avant de se faire jour. Cependant, la question reste entière : comment fait-on les idées ?


Quand elle vient tout juste de naître, une idée est sommaire, rudimentaire, elle requière une attention toute particulière sans quoi elle disparaîtra. Toutefois, il est dans sa nature de réclamer notre présence ; si on l’ignore ou qu’on la néglige, soyons sûrs qu’elle saura se rappeler à nous.

Au début, il n’est pas rare qu’une idée donne sujet à toutes sortes d’incompréhensions et de doutes ; c’est qu’il faut parvenir à la saisir, cette idée, à lui trouver son sens, il faut savoir qu’elle n’est pas là pour rien et qu’elle a bel et bien une raison d’être. Mais qu’on se rassure, il n’est pas nécessaire de savoir d’emblée à quoi elle se destine, il suffit de l’accompagner dans ses balbutiements, de la suivre et de l’orienter ; progressivement, elle s’affermira.


Si on admet le principe d’idée préconçue, il faut cependant préciser qu’il n’y a pas d’idée toute faite ; vous ne trouverez aucune riche idée ni aucune idée de génie qui n’ait connu un essor préalable. C’est donc en prenant soin de l’alimenter sainement qu’une idée grandira et se développera. En cela, il faudra lui épargner nos peurs : peur de la perdre, peur qu’elle soit jugée, critiquée, rabaissée... Au contraire, il faudra la nourrir d’amour, d’estime et de confiance, pour qu’elle s’épanouisse petit à petit, à son rythme et à sa manière. Évitons cependant d’y projeter nos croyances et nos espérances, abstenons-nous d’y imposer nos aspirations ; une idée n’a pas pour objet de combler nos manques ni de renforcer nos convictions. Et si on en vient à la considérer comme « son » idée, gardons-nous toutefois d’être trop possessifs car une idée se forge au contact des autres idées, elle n’appartient à personne, elle est le fruit de tous.


D’aucuns diraient qu’il y a de vraiment bonnes et de très mauvaises idées. Ou encore que ce qui apparaît comme une bonne idée peut se révéler, en définitive, être une idée lamentable. Ça arrive, c’est vrai. Et réciproquement, une idée vraisemblablement mauvaise peut s’avérer être une excellente idée en fin de compte. Aussi, cessons de croire qu’une idée est bonne ou mauvaise dans l’absolu, rappelons-nous que toute idée doit faire son chemin. En cela, quiconque a les idées claires et n’est pas vendu à une idée s’éveillera à l’idée que toutes les idées se valent. Élémentaire, n’est-ce pas ?

Pour illustrer ce qui précède, prenons-donc un exemple : les idées noires. Il y a cette idée répandue qui voudrait nous faire croire qu’il y en a trop. C’est faux, elles sont relativement peu nombreuses. Pourtant, certains ont tendance à les stigmatiser et à les discriminer. C’est grave, mais le pire serait encore qu’elles broient du noir ; un tel acte est intolérable. Car au-delà des apparences, les idées noires sont des idées comme les autres, elles ne tiennent en aucun cas à être des idées arrêtées. Est-ce par peur de l’inconnu ou par crainte de souffrir qu’elles sont ainsi vilipendées ? Prenez-donc un moment pour les considérer pour ce qu’elles sont, pour déceler en elles leur valeur intrinsèque. Les idées noires nous supplient de cesser d’avoir peur, elles nous implorent d’avoir confiance ; c’est leur cri de détresse. En outre, on notera que lorsque des idées noires vont à l’encontre de certaines idées reçues (les « grandes » idées, les « nobles » idées, dont la légitimité est discutable) c’est pour jeter un pavé dans la mare et nous rafraîchir les idées ; en cela, nous pouvons leur être reconnaissants.


Dans un tout autre ordre d’idées, il existe en ce monde quantités d’idées merveilleuses et, parmi elles, des idées en or. Il faut les chérir, tant elles sauront nous apporter bonheur et prospérité. Et pourtant, il arrive trop fréquemment qu’elles soient négligées ou délaissées au profit d’idées séduisantes qui ne sont souvent que de simples passades. En effet, combien d’hommes et de femmes ont juste le désir de se faire une idée sans chercher davantage ? Leur but est-il de se changer les idées ? C’est regrettable. Abstenez-vous, si vous le voulez bien, de passer d’une idée à l’autre, d’effleurer une idée puis de sauter sur la suivante ; certaines idées gagnent vraiment à être connues.

À l’inverse, il y a des individus qui n’ont qu’une idée en tête, au point d’en être obsédés. C’est vrai : on peut s’enamourer d’une idée, se passionner pour elle, vouloir la coucher sur le papier, sur le clavier, sur une page, partout, tout le temps... C’est très malsain. En effet, il est malavisé de garder une idée pour soi car celle-ci tourne rapidement à l’idée fixe. Mais soyons sûrs d’une chose : tôt ou tard elle cherchera à briser ses chaînes, car on peut toujours changer d’idée.


Pour en revenir à notre idée de départ : les idées coexistent, elles se côtoient, elles se rencontrent, elles s’unissent et donnent naissance à de nouvelles idées ; notre monde est ainsi fait, et c’est ainsi qu’on a de la suite dans les idées. Il est alors de notre devoir de veiller à ce que toute idée se bonifie avec le temps pour n’avoir, un jour, plus que de bonnes idées. Notre responsabilité est engagée. L’assumerez-vous ?

Il subsiste cependant une incertitude : au cours de l’histoire, de nombreux philosophes et penseurs ont prétendu que les idées préexistent à toute création, tandis que d’autres ont prétendu le contraire ; d’où la question : créons-nous nos idées ou nos idées nous créent-elles ?

Aucune idée ?!

Eh bien moi j’ai ma petite idée.

 
 
 

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